lundi 23 mars 2009

Le petit chat est mort

HERVE MESTRON
NUIT BLANCHE

LE PETIT CHAT EST MORT


Personnages :
Franky :30 ans
Babett : 25 ans
Beau papa : 60 ans
Daniel : 30 ans
Gynécologue :




1/ BISTROT
(Brouhaha. Fête. Musique. Tico-tico)

FRANKY : Allez, un dernier verre et j’y vais. Je commence tôt demain.
DANIEL : Comment ça va avec Beau papa ? Il te colle toujours autant la pression ?

FRANKY : Un enfer ! Il me lâche pas. C’est des journées de 15 heures que je me tape. Et il m’appelle le looser devant tout le monde.

DANIEL : Il va peut-être te refiler la boutique le jour où il partira. Alors, c’est normal, il te teste.

FRANKY : J’ai pas envie de devenir patron. J’en veux pas de son entreprise !

DANIEL : Et avec Babett, ça va ?

FRANKY : Ca va… elle craque aussi avec son père. Il l’appelle plusieurs fois par jour. Il veut tout savoir. Ce qu’elle pense, ce qu’elle dit, ce qu’elle mange, ce qu’elle achète ! Elle en peut plus. Elle est à cran. On aimerait partir loin, loin de lui, faire notre vie « à nous ». On a l’impression
d’être fliqué, 24 heures sur 24. (…) Josy, tu nous remets deux bières s’il te plait ?

DANIEL : Ca va ? Tu vas pouvoir conduire ?

FRANKY : J’habite à cinq minutes. Au pire, je rentre à pieds en poussant la voiture.

DANIEL : Ah, sacré Franky ! Si beau papa te voyait dans cet état !



2/ INTERIEUR VOITURE
Moteur en sur régime. Franky chante tout en conduisant, visiblement bien éméché. « Tico tico ».
Crissement de freins.

FRANKY : Ouh là, Franky, doucement… encore cent mètres… tu vas plonger dans ton lit, et demain, il fera jour… Voilà la maison… coucou, petit pavillon offert par beau-papa !

Voiture qui roule sur du gravier.
Franky continue de chanter tout en se garant.Soudain un choc, un bruit sourd suivi d’un bruit métallique.

FRANKY : Merde, j’ai embouti la poubelle !

Le moteur s’arrête.

EXTERIEURFranky descend de voiture. Portière qui claque. Des pas sur le gravier.

FRANKY : Ouh là… complètement pliée la poubelle !

Franky tire la poubelle. Bruit métallique.

FRANKY : Oh putain…. Oh non… c’est pas vrai… tssst minou ! Minou… tu dors ? Oh merde…

Franky compose fébrilement un numéro sur son portable.

FRANKY : Allô ?

DANIEL : Franky ? Qu’est-ce qui se passe ? T’es tombé dans le fossé ?

FRANKY : J’ai écrasé le chat en rentrant la voiture.

DANIEL : Comment ça, tu as écrasé le chat ?

FRANKY : Ben… j’ai… j’ai d’abord embouti la poubelle et… quand je suis sorti, j’ai vu le chat sous ma roue.
DANIEL : Il est mort ?

FRANKY : Oui.

DANIEL : T’es sûr ?

FRANKY : Il bouge plus. Qu’est-ce que je fais ? Babett va me tuer ! Qu’est-ce que je fais ?

DANIEL : Calme toi… écoute, tu l’enterres dans le jardin, ni vu ni connu.

FRANKY : Et demain ? Qu’est-ce que je vais dire ?
DANIEL : Rien. Tu dis rien. Le chat est parti, c’est tout. T’es pas au courant. Tu sais rien, t’as rien vu. Et maintenant tu vas te coucher.

FRANKY : Merci.
DANIEL : Allez, Franky, courage !







3/ MAISON FRANKY/BABETT
Cuisine. Bruit de vaisselle. Radio en fond.

FRANKY : Tu veux encore du café ma chérie ?

BABETT : Je veux bien. T’es rentré tard hier soir ?

FRANKY : Euh… non, pas trop.

BABETT : J’ai rien entendu, j’avais pris un somnifère.

FRANKY : J’étais avec Daniel.

BABETT : Oui, je sais.

(temps)

FRANKY : T’as vu, le chat n’est pas là.

BABETT : C’est vrai, le chat n’est pas là.

FRANKY : Il a dû aller chez le voisin…

BABETT : Tu crois ?

FRANKY : D’habitude, il est là le matin.

BABETT : Oui, d’habitude, il est là…

FRANKY : Attends, je vais l’appeler.

Franky ouvre une fenêtre.

FRANKY : Minou… tsst tsst ! Minou…

BABETT : C’est bizarre, non ?

FRANKY : Avec le printemps, il doit courir après les oiseaux.

BABETT : J’espère qu’il ne lui est rien arrivé…

FRANKY : Pourquoi tu dis ça ?

BABETT : Parce que… c’est le chat de mon père… il y tient comme à la prunelle de ses yeux.

FRANKY : Il va revenir.
BABETT : C’est pas sûr…

FRANKY : Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu pleures ?

BABETT : Non, c’est rien, c’est nerveux… c’est pas grave…

FRANKY : T’es sûre ?

BABETT : Franky, faut que je te dise quelque chose.

FRANKY : Oui… vas-y.

BABETT : Je… je suis enceinte.

FRANKY : C’est pas vrai ? Tu le sais depuis quand ?
BABETT : Depuis hier.

FRANKY : C’est merveilleux !

BABETT : Oui…mais…

FRANKY : Mais quoi ?

BABETT : Je l’ai pas encore annoncé à mon père.

FRANKY : Et alors ? Tu as peur de quoi ?

BABETT : Je sais pas. De sa réaction.

FRANKY : C’est simple, on va pas lui dire. Pleure pas…

BABETT : Et puis il y a cette histoire de chat.

FRANKY : Il va revenir, ne t’inquiète pas. Je m’en occupe. Je vais aller mettre des affichettes dans les magasins. On va le retrouver. Je t’aime ma chérie.
BABETT : Moi aussi je t’aime.




4/ ENTREPRISE DE BEAU PAPA
Des pas dans un couloir. On frappe à une porte.

BEAU PAPA : Entrez !

FRANKY : Bonjour, vous vouliez me parler ?

BEAU PAPA : Ferme la porte, Franky. Assied toi.

FRANKY : Il y a quelque chose qui va pas ? J’ai pas fait mon chiffre cette semaine ?

BEAU PAPA : Laisse tomber les chiffres, Franky. Je veux te parler d’autre chose.

FRANKY : Ah bon.

BEAU PAPA : T’es fier de toi ?

FRANKY : Pardon ?

BEAU PAPA : Regarde-moi dans les yeux. T’es fier de toi ?

FRANKY : Je vois pas de quoi vous voulez parler.

BEAU PAPA : Tu vois pas de quoi je veux parler ?

FRANKY : Non.

BEAU PAPA : T’as mis ma fille en cloque et tu vois pas de quoi je veux parler ?!

FRANKY : Ah… vous… vous êtes au courant ?

BEAU PAPA : Bien sûr que je suis au courant ! Tu me prends pour qui ? J’ai appelé Babett tout à l’heure. J’ai bien senti que quelque chose ne tournait pas rond. Elle a fini par lâcher le morceau. C’est ma fille, elle m’a jamais rien caché. Alors, t’es fier de toi ?

FRANKY : Ben… oui…

BEAU PAPA : J’aime mieux ça ! Parce que, maintenant, va falloir assurer, Franky. Va falloir que tu alignes les bonus pour nourrir ton gosse, parce que je serai pas toujours là pour vous faire des rallonges en fin de mois.

FRANKY : Attendez… on vous a jamais rien demandé…

BEAU PAPA : Le barbecue dans le jardin, en briques réfractaires, c’est qui ? Le hammam dans la salle de bains, c’est qui ? La toiture, c’est qui ? Le home cinéma dans la cave, c’est qui ?

FRANKY : Oui, ok, c’est vous, mais nous on a jamais rien demandé.

BEAU PAPA : Je te le reproche pas, Franky. Je veux seulement te faire comprendre que je serai pas toujours là et que tu vas devoir passer à la vitesse supérieure. Hein ? T’es trop timide, t’en imposes pas assez devant les clients. Tu as quelque chose dans le ventre, oui ou merde ? A partir de demain, on va t’installer un bureau à côté du mien. Je t’aurai à l’œil comme ça.
FRANKY : Et les autres de la boite, qu’est-ce qu’ils vont dire ?
BEAU PAPA : T’es mon gendre, Franky, le mari de ma fille et le père de mes futurs petits enfants. Alors je veux que tu sois là, à mes côtés, on va former une famille solide. Et le jour où tu seras capable d’assurer tout seul, je m’effacerai. J’aurais fait pareil avec mon propre fils. Le problème c’est que j’ai eu une fille. Une petite fille toute fragile, qui a besoin d’un vrai mec à ses côtés, et pas d’un branleur.

FRANKY : Oh oh, ça va, je bosse.

BEAU PAPA : Babett m’a dit que le chat avait disparu.

FRANKY : Ah, elle vous l’a dit ?

BEAU PAPA : Oui, elle me la dit ! Et vous allez me faire le plaisir de le retrouver, et vite, avant qu’il se fasse écrabouiller sur la route !

FRANKY : Je vais mettre des affichettes.

BEAU PAPA : Tu fais ce que tu veux, mais je veux revoir mon chat. Compris ?

FRANKY : Compris.




5/ GYNECOLOGUE
Porte qui s’ouvre.

BABETT : Bonjour docteur.

GYNECOLOGUE : Asseyez-vous. J’ai vos résultats d’analyses.

BABETT : Alors ?
GYNECOLOGUE : Vous n’êtes pas enceinte.

BABETT : Je ne suis pas enceinte ? Mais si, je le sens.

GYNECOLOGUE : Malheureusement, je suis formelle.

BABETT : Mais qu’est-ce que je vais lui dire ?
GYNECOLOGUE : A qui ?
BABETT : A Franky.

GYNECOLOGUE : Vous lui dites la vérité.

BABETT : C’est à dire que… je lui ai dit que j’attendais un bébé et…

GYNECOLOGUE : Dites lui que vous vous êtes trompée.

BABETT : Non, je pourrai jamais.

GYNECOLOGUE : Non, vraiment, vous devez lui dire la vérité.

BABETT : D’accord…

GYNECOLOGUE : Vous avez peur de sa réaction ?

BABETT : Un peu.
GYNECOLOGUE : Il est violent ?
BABETT : Franky ? Oh non… pas lui. C’est un ange. Il m’aime.

GYNECOLOGUE : Alors, s’il vous aime, vous devez lui dire la vérité. Et pour le bébé, vous allez réessayer. La prochaine fois sera certainement la bonne. D’accord ?

BABETT : Oui.



6/ BISTROT
Brouhaha. Toujours cette musique de Tico tico.

Dans un coin, à l’écart…

DANIEL : Te mets pas dans des états pareils, c’est qu’un chat, y a pas mort d’homme.

FRANKY : Le chat, je m’en fous, c’est pas ça.

DANIEL : C’est quoi alors ?

FRANKY : Je lui ai jamais menti, à Babett.

DANIEL : Oui, ben, des fois, c’est mieux de se taire. De toute façon, le chat est mort. T’es pas obligé de raconter que c’est toi qui l’as écrasé avec ta voiture…

FRANKY : Alors que j’étais bourré.

DANIEL : Alors que tu étais bourré.

FRANKY : En plus, c’est le chat de son père. Il est capable de me tuer.

DANIEL : Raison de plus pour oublier cette histoire.

FRANKY : Si Babett apprend que je lui ai menti, ce sera encore pire. Je préfère qu’elle sache tout de suite que c’est moi qui ai écrasé le chat.

DANIEL : Bon, alors si tu as vraiment envie de lui dire, vas-y, mais ne tarde pas. Car plus tu attendras, plus ce sera difficile.




7/ MAISON FRANKY/BABETT
Bruit de clé dans la serrure.
Porte qui s’ouvre. Des pas.

FRANKY : Babett, chérie ? T’es là ?

Bouchon de champagne qui explose.

BABETT : Bon anniversaire mon Franky adoré !

FRANKY : Ah, tu m’as fait peur !

BABETT : Bon anniversaire !

FRANKY : C’est… c’est aujourd’hui ?

BABETT : Tiens ! Cadeau !

FRANKY : Qu’est-ce que c’est ?
BABETT : Ben ouvre, tu verras !

Bruit de papier déchiré.

FRANKY : Un billet d’avion pour Barcelone !

BABETT : Deux billets d’avion pour Barcelone !

FRANKY : Pour la semaine prochaine ?

BABETT : Tu demanderas trois jours de congés à mon père.

FRANKY : Et s’il refuse ?

BABETT : Eh bien, on partira quand même.

FRANKY : L’avion, pour le bébé, c’est pas dangereux ?

BABETT : Non, jusqu’au sixième mois, il n’y a pas de contre-indication.

Musique douce. Verres qui tintent.

BABETT : A nous.
FRANKY : A nous.

BABETT : Tu as une idée pour le prénom ?

FRANKY : Babett, faut que je t’avoue quelque chose.

BABETT : Ca te fait peur, le bébé ?

FRANKY : Non… c’est pas ça… ça n’a rien à voir…

BABETT : C’est quoi alors ?

FRANKY : Le chat.
BABETT : Ben quoi, le chat ?

FRANKY : C’est moi.

BABETT : Comment ça, c’est toi ?

FRANKY : Tu vas être très fâchée contre moi, mais je préfère te le dire maintenant.

BABETT : Vas-y, je t’écoute.

FRANKY : (la voix se perd progressivement) Tu te souviens, l’autre soir, je suis sorti avec Daniel, je suis rentré tard, et un peu bourré aussi…
(fondu enchainé avec musique)




8/ MAISON FRANKY/BABETT


FRANKY : Voilà, tu sais tout. Je te demande pardon.

Un coup de sonnette.

BABETT : T’attends quelqu’un ?

FRANKY : Non.

Nouveau coup de sonnette.
Porte qui s’ouvre.

BABETT : Papa ?

Des pas. Il entre.

BEAU PAPA : C’est quoi cette bouteille de champagne ?

BABETT : C’est l’anniversaire de Franky.

BEAU PAPA : Bon, les travaux sont finis chez moi, je viens récupérer le chat.

BABETT : Il est pas là.

BEAU PAPA : Il est pas revenu ?

BABETT : Non.

BEAU PAPA : Je peux vraiment pas vous faire confiance. Et toi, t’as mis des affichettes ?
FRANKY : Oui…

BEAU PAPA : Où ça ?
FRANKY : Partout… dans la galerie marchande, sur le parking, à la pharmacie…

BEAU PAPA : Et tu restes là, les bras croisés, à attendre ?

BABETT : On a déjà cherché papa, dans tout le quartier. On peut rien faire de plus pour l’instant. Un chat, ça va et ça vient, c’est normal…

BEAU PAPA : Ma pauvre fille, comment tu vas faire avec un gosse ? Tu sais même pas t’occuper d’un chat.
BABETT : C’est pas pareil.
BEAU PAPA : Mais si, c’est pareil. T’es capable de l’oublier dans sa poussette, je te connais.

BABETT : Non !

BEAU PAPA : Et lui, là, le branleur, affalé dans son fauteuil ! T’as réparé la marche dans les escaliers ?
FRANKY : Pas encore.
BEAU PAPA : Qu’est-ce que t’attends ? Que Babett se casse la gueule avec le bébé ? C’est pas compliqué merde, un marteau et des clous. Bon, je vais le faire.

BABETT : Non, papa, pas maintenant. On est fatigué.

BEAU PAPA : Je vais attendre le chat. Si je suis là, il reviendra.

FRANKY : Vous… vous allez vous installer ici ?

BEAU PAPA : Pourquoi ? Ca te dérange ? Elle est à qui la maison ?



9/ MAISON FRANKY/BABETT. ESCALIERS

Bruit de marteau.

BEAU PAPA : Voilà, putain, c’est pas compliqué de clouer une marche. Hein Franky, tu m’écoutes ? Un mec qu’est pas capable de planter un clou, c’est pas un père, c’est rien du tout… Eh ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est tout noir ! Rallume la lumière ! Oh !

Grincement du bois. Des pas saccadés.

BEAU PAPA : Rallume, bon sang ! J’y vois rien ! Mais qu’est-ce que… Merde !

Bruit de chute.
Corps qui roule dans les escaliers.
Silence.
Puis musique minimaliste.

BABETT : Il bouge plus.

FRANKY : Non.

BABETT : Je crois qu’il est mort.

FRANKY : Il est tombé.

BABETT : Oui, à cause de cette ampoule qui a grillé.




10/ AVION
Bruits de réacteurs.

FRANKY : Regarde, ça y est, nous sommes passés au dessus des nuages. Ils annoncent 25 degrés à Barcelone.

BABETT : Franky, faut que je te dise quelque chose.

FRANKY : A quel sujet ?
BABETT : Au sujet du chat.

FRANKY : Tu m’en veux toujours ?

BABETT : Je t’en ai jamais voulu.

FRANKY : Pourquoi ?

BABETT : Parce que, c’est pas toi qui l’a tué.

FRANKY : Si, c’est moi, je l’ai écrasé avec la voiture.
BABETT : Non, il était mort avant. Il était dans la poubelle que tu as renversée.

FRANKY : Pourquoi il était déjà mort ?

BABETT : Parce que c’est moi… c’est moi qui l’ai tué.

FRANKY : Je te crois pas. T’es incapable de tuer un chat.

BABETT : J’ai pas fait exprès... Il était sur le rebord de la fenêtre, je l’ai pas vu quand j’ai fermé la vitre. Ca lui a fait le coup du lapin. J’ai pas osé t’en parler. J’avais peur que tu me prennes pour une folle.

FRANKY : On va oublier cette histoire.

BABETT : Oui. Oh, il bouge !
FRANKY : Qui ça ? L’avion ?
BABETT : Non, le bébé. Touche mon ventre… là, oui, tu sens qu’il bouge ?

FRANKY : Non, je sens rien.

BABETT : Franky ?

FRANKY : Oui ?

BABETT : Je l’aimais pas ce chat.

FRANKY : C’était le chat de ton père.

BABETT : Oui, c’est peut-être pour ça.

FRANKY : C’est fini, tout ça. Maintenant, tu vas nous faire un beau bébé, d’accord ?

Sanglots de Babett.

FRANKY : Pleure pas ma chérie… pleure pas… c’est fini… c’est fini…

BABETT : Il faut que je te dise encore autre chose.

FRANKY : Oui.

BABETT : L’ampoule elle était pas grillée quand mon père est tombé dans les escaliers. C’est moi qui ai éteint la lumière. Peut-être que je suis folle, après tout.

FRANKY : Quand tu as éteint la lumière, ton père aurait pu rester cramponné à la rampe et attendre. Mais… je l’ai poussé, pas fort, tu vois, juste pour qu’il perde l’équilibre.

BABETT : C’est vrai, t’as fait ça ?

FRANKY : Tu m’en veux ?

BABETT : Non, je t’adore, mon Franky. Tu m’as libérée.





11/ BISTROT
Brouhaha. Musique Tico tico

DANIEL : Alors, comment tu te sens dans le bureau de beau papa ?

FRANKY : J’ai fait repeindre la pièce.

DANIEL : Ca te plait d’être patron ?

Sonnerie de portable.
FRANKY : Excuse-moi, c’est Babett.

Il s’isole.
FRANKY : Allô ma chérie, ça va ?

BABETT : Franky… j’ai une super nouvelle…

FRANKY : Qu’est-ce qui se passe ?

BABETT : Ben…je… je suis enceinte. Ca y est !

FRANKY : Oui… je sais… tu en es au cinquième mois…

BABETT : Mais non… avant… c’était pas vrai… maintenant ça y est, je sors de chez la gynéco ! Je suis enceinte, pour de vrai !

FRANKY : Attends, je comprends pas…

BABETT : C’est pas grave… tu vas être papa ! Papa !!!

Elle raccroche.
Retour au bruit.

DANIEL : Elle va bien Babett ?

FRANKY : Elle est enceinte.

DANIEL : Ben oui, je sais, Franky. Et ça se passe bien ?

FRANKY : Oui… oui, ça se passe très bien.

DANIEL : Au fait, ma sœur a des chatons à donner, ça t’intéresse ?

FRANKY : Pourquoi pas, faut que j’en parle à Babett.

DANIEL : Ce coup ci, tu l’écrabouilles pas en rentrant la voiture !

FRANKY : Non mais, c’est pas moi qui…

DANIEL : Comment ça, c’est pas toi ?

FRANKY : Non, je veux dire, c’est pas moi qui ai écrasé le chat, c’est lui qui s’est mis sous ma roue.

DANIEL : Ah ! Sacré Franky ! Josy, tu nous remets deux bières s’il te plait ?





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